Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Autres Perspectives
religions
25 janvier 2015

Reprendre la plume

Reprendre la plume

L’actualité des derniers jours sonne comme un impératif, me porte à reprendre la plume et alimenter ce blog «  Autres perspectives  » ouvert en 2009.

Tout est parti d’un livre écrit en 1999 qui portait sur l’arrivée imminente à «  un seuil décisif  » auquel aura à faire face l'humanité. En 2009, le livre a été mis en ligne en même temps que l'ouverture du blog.

flickr-sama093-cc

En 2009, j’introduisais le livre téléchargeable en ces mots  : «  Cet ouvrage a été écrit courant 1999. Dix ans déjà  ! Le temps n’était pas mûr pour accueillir ces mots. Dix ans plus tard, non seulement cette analyse n’a pas pris une ride (car les tendances n’ont malheureusement fait que s’accentuer), mais elle se révèle dans sa pertinence, apporte des éclairages qui plus que jamais peuvent être utiles pour aborder ces temps avec sérénité et espérance. Dix ans aussi durant lesquels cette réflexion, chez d’autres, a fait son chemin, avec d’autres mots, d’autres colorations, allant dans le même sens comme autant de sentinelles perdues dans le brouhaha de la vie mais qui ne demandent qu’à se rejoindre pour créer cette poussée nécessaire.

Jamais l’exigence a été si forte pour l’homme devant son destin. Plutôt que la non-violence et  cette nécessaire «  qualité du regard  », les risques sont grands de choisir les voies les plus faciles et de refuser cette exigence qui nous grandit. Puisse ce travail modestement aider à tracer la voie".

En 2014, l’actualité nous «  saute à la figure  » comme un rappel urgent.

Je prends le risque ici, de prendre les choses à rebours : partir des dernières pages  de cette étude.Ces mots ne peuvent-être compris dans leur profondeur qu’après lecture de l’ensemble de l’œuvre, elle-même fruit de nombreuses rencontres. Je vous invite à vous y reporter. Dans les billets suivants, j’essaierai de reprendre et commenter certains passages qui mènent à cette conclusion.

Espérant vous compter parmi les «  followers  » assidus  !

Gonzague Portier

Question de sens : question de fond. (page  395 - Autres Perspectives - mars 2000)

flickr-philippe-leroyer-ccComment à ce stade de l’histoire les individus sont-ils toujours aussi infantiles ? Cette interrogation est née d’un constat observé et vécu quotidiennement. Tant de déperdition dans la relation, tant de fuites, de lâchetés, d’incompréhensions, d’agressions, de blessures, d’échecs, rencontrés ou personnels. Et puis, la lecture de l’histoire, la confusion aujourd’hui. Ce siècle et ses grands cataclysmes. L’humanité est-elle condamnée dans ses perpétuelles erreurs ? Face à des situations de plus en plus difficiles, tendues, face à l’affirmation d’une perte de sens qui aurait tôt fait de nous laver de toute responsabilité, il s’imposait de participer à cette réflexion afin de répondre à ces autres questions que l’on se pose pour aller de l’avant : comment être acteur aujourd’hui ? Vers quel progrès ?

Dans cette réflexion, Teilhard de Chardin (prêtre et anthropologue) m’ouvrait une brèche ; il écrivait au début du  siècle : «  nous arrivons à un seuil où une conscience adulte majeure sera nécessaire  ».

Repères : l’intensification, marque d’un seuil critique.

flickr-xavier-donat-dans l'air du temps-cc

Quelques repères sur l’état du monde actuel ne pouvaient que nous conduire à davantage de lucidité : oui le bilan  est préoccupant. Oui une part majeure de la population mondiale est mise de côté dans un état de pauvreté inacceptable, scandaleuse au regard de la croissance affichée et des progrès technologiques enregistrés. Oui l’humanité subit, et aura à faire face ces prochaines années, à ses contradictions et, dans un environnement en évolution rapide, à des défis de grande ampleur.

Oui un changement profond sera nécessaire qui dépasse des perspectives scientifiques et technologiques. Jamais l’humanité n’a autant été mise devant sa liberté et sa responsabilité.

La voie d’un équilibre entre intériorité et extériorité : du collectif à la reconnaissance de la Personne.

Entre la condamnation de la modernité et la course en avant dans des dérives utopistes, une voie est possible qui passe par un surcroît de conscience et un appel, non plus collectif, mais individuel. Il importe aujourd’hui, non pas de condamner la modernité, mais de redonner toute la force à l’appel à la personne :

l’épanouissement personnel et l’épanouissement du monde passent d’une manière solidaire  par un juste rapport aux êtres et aux choses ainsi que par un juste équilibre entre extériorité et intériorité (nous aborderons ce point dans un prochain article). L’extériorité ne fait que traduire un surcroît de conscience au niveau des moyens (poussée de la connaissance et des mutations technologiques), mais le contenu, ce qui donne l’orientation de ces moyens provient de l’intériorité. Un juste équilibre doit donc s’établir.

flickr-alain-bacheller-cc

L’équilibre n’est pas d’ordre mathématique mais doit traduire l’accueil de la vie dans sa globalité ;  intériorité et extériorité participent au mouvement d’épanouissement et d’évolution de la vie.

Redécouvrir l’intériorité, lui redonner sa juste place n’est autre que redonner place à l’humain et le reconnaître  pour ce qu’il est, pour sa grandeur et sa fragilité.

Ce retour sur lui-même lui permettra de se retrouver.


Conscience adulte majeure : l’enjeu d’une démocratie véritable et d’un regard nouveau.

pepe-pont

L’enjeu est celui de la vie, celui d’un avenir possible à visage humain. Il est aussi fondamentalement celui de la démocratie.

L’équilibre entre intériorité et extériorité est le point de jonction entre l’individu et la société. C’est la tension vers cet équilibre qui fait progresser la démocratie.

Cette dernière n’existe pas en soi ; elle est un idéal vers lequel on tend. Elle ne s’inscrit pas dans un modèle et se situe au-delà des cultures. Si elle passe par un cadre législatif et réglementaire, si elle s’inscrit dans des structures, elle est avant tout informelle : celle de tous les jours, tous les actes de chaque acteur de la vie.

Ainsi le choix, l’orientation possible du monde contemporain se situe entre une tension vers l’uniformisation où se trouvent associés, la fusion, la fuite, le mensonge, la peur et les réflexes de protection (prises de pouvoir) ou une tension vers une véritable union, celle qui différencie, «  l’union de centre à centre  », ou «  l’union communion  » qui se nourrit de la confiance, de l’accueil de la différence, de la confrontation.

Donner sa confiance, c’est prendre le risque de la différence, c’est accueillir l’autre pour ce qu’il est, c’est savoir que la confrontation sera nécessaire à une avancée vers plus de vérité.

Cette seconde voie n’est possible que par un regard nouveau (et à renouveler chaque jour), un regard qui admet l’intériorité et la dignité de soi et de l’autre avec qui je suis en relation.

La démocratie n’est pas l’affaire d’un calcul rationnel qui concerne des êtres-machines à faire, à calculer, et à consommer,  elle nécessite le recours à toute la personne, y compris son coeur qui sort du champ du prouvable et du quantifiable.

Le seuil : celui où se profile une convergence entre reconnaissance de la Personne et reconnaissance d’une Humanité commune

Cette  évolution est nécessaire, ce passage est possible. Il n’y a pas aujourd’hui perte de sens mais plutôt besoin de le retrouver. Les défis sont à la hauteur de notre dignité. C’est précisément la reconnaissance de cette dignité qui constitue le point de passage.

L’histoire ne se renouvelle pas et les jalons sont posés pour effectuer ce passage : la déclaration  des droits de l’homme de 1946 a posé les bases d’un objectif ambitieux qui fait référence. La connaissance de l’Homme, de son fonctionnement progresse, tant sur le plan pédagogique que psychologique, l’image se précise et ne peut que nous rendre humble et émerveillé. Il ne viendrait plus à l’idée de quiconque de considérer l’enfant comme valeur négligeable, ses droits sont proclamés, même s’ils demeurent bafoués. Une ère nouvelle se profile dans la relation entre les hommes et les femmes. La conscience du patrimoine commun que constitue la Terre, la conscience de notre responsabilité dans la gestion de l’écosystème planétaire,

flickr-europeen-commission-cc

La conscience d’une humanité commune, peuvent nous mettre sur la voie du coeur.

* C’est la reconnaissance de cette fraternité  qui me permettra de m’accepter ; d’accepter l’autre comme je m’accepte moi-même. Jean Vanier parle «  d’accueillir notre humanité  ». Accueillir notre humanité c’est, pour chacun de nous,  reconnaître qui nous sommes et reconnaître que nos frères, dans leur différence nous ressemblent fondamentalement.

«  Liés ensemble dans la même famille des nations, nous sommes tous responsables les uns des autres. Tant que nous n'avons pas découvert notre appartenance à une humanité commune, notre dépendance mutuelle et la nécessité de nous entraider, nous continuons à nous cacher derrière nos sentiments de supériorité, d’élitisme et leurs conséquences. Chaque être humain, aussi petit soit-il, a quelque chose d’unique à apporter à l’humanité  ».

«  L'être humain est plus que sa capacité de penser, de faire ou de produire. A l’intérieur de chacun de nous se cache un enfant assoiffé d’amour. Le coeur est le lieu où nous rencontrons l’autre, où nous souffrons et nous réjouissons avec lui  ».

Cette reconnaissance de la fraternité n’est pas utopique. L’utopie serait de croire que nous puissions rester longtemps encore dans un état de déséquilibre aussi marqué.

flickr-jmj2011-cc

L’évolution, du reste, nous révèle chaque jour davantage notre humanité commune par les liens qui nous resserrent. Cette reconnaissance est concrète, proche de l’humain, proche de nous. Elle nous concerne et nous interpelle directement : «  La voie du coeur implique des choix. Je peux choisir de prendre cette voie et traiter les gens en êtres humains et non comme des machines. Je peux voir le cuisinier d'un hôtel simplement comme un homme ou une femme payé pour bien faire la cuisine, ou comme une personne qui a un coeur, qui a une famille, qui a besoin qu’on la comprenne et qu’on soit bon avec elle  ».

«  Tous les êtres humains font partie de l’humanité commune, ce qui implique qu’aucun individu, aucun groupe n’est supérieur à un autre  ».

Publicité
Publicité
Publicité
Autres Perspectives
Archives
Publicité