Non violence - quelques repères - 1

Passer le cap de ce 21e siècle ne nous laisse pas le choix : ce cap ne pourra être franchi que par une élévation de la conscience, le choix de la non-violence et d'un chemin de vérité. L'un ne va pas sans l'autre car l'élévation de la conscience suppose d'aller vers un être plus unifié. Une maturation qui peut faire basculer les choix collectifs.

L'actualité des actes terroristes en France ou des messages des va-t-en guerre a des échos en chacun de nous,  bouscule les repères, suscite nombreuses questions. Cette réalité peut au moins nous permettre de ne pas traiter cette question de la non-violence qu'intellectuellement.

Non violence, vérité, être

* Aller vers la non-violence, c'est aller vers plus de vérité : la violence ne peut se cacher que derrière le mensonge.  Le mensonge ne peut vivre que par la violence.

Jacques Sémelin fait remarquer combien

la violence avec l’usure du temps perd de son assurance. Afin de garder son apparence respectable, elle cherche à s'allier au mensonge.

  «  La violence n'exige de nous que l'obéissance au mensonge, la participation quotidienne - au mensonge - c'est la seule loyauté qui est exigée de nous. La clef la plus simple et la plus accessible de notre libération se trouve dans la non-participation personnelle au mensonge . La non-violence est  « la force de la vérité », disait Gandhi.

La confrontation casse les fantasmes

* La non-violence passe par la confrontation qui refuse et détruit les fantasmes :  l'ennemi est celui qu'il faut abattre à tout prix : il est dangereux (sa vie c’est ma mort). A contrario, l'adversaire est celui qu’il faut combattre sans pour autant porter atteinte à sa vie. C'est déjà une manière de briser les mécanismes psychologiques de la violence.

Voir dans celui qui fait peur un être humain, c'est se placer au niveau de l'humain. C'est désamorcer le processus, enlever tout pouvoir à celui qui entend faire peur en voulant à tout prix se montrer inhumain...Car même si son acte est inhumain, il n'en demeure pas moins humain.

Regarder son adversaire en le respectant, c'est aussi une manière de stopper le libre court aux fantasmes, et à la haine qui n'est pas loin. La haine qui désinhibe, qui permet le passage à l'acte, le point de non retour.

Le principe moral de la non violence veut que l’on reconnaisse l’adversaire comme une personne. Voir en tout adversaire une personne est le seul moyen de ne pas se dégrader.

Refuser les tendances paranoïdes est un principe inhibiteur de la violence et une démarche d’autonomie.

Lors d’un échange allemand-polonais effectué en 1993 avec des adolescents de Berlin et de Cracovie,  nous avons eu la chance de rencontrer au Centre International des jeunes de Auschwitz, un ancien prisonnier du camp de concentration Birkenau. Le plus étonnant était la description que faisait cet homme de la vie quotidienne et du comportement des « Kapos » : comment dans des petits gestes d’attention, certains d’entre-eux  dévoilaient aux yeux des prisonniers leur véritable nature :                ... humaine ».

Distinction entre les personnes et leur comportement

Nous l’avons abordé en parlant d’autonomie (voir autres articles du blog). Cette nécessité se prolonge dans la distinction entre la personne et sa fonction. Par là, la non-violence se prémunit contre les phénomènes passionnels et destructeurs qui ne manquent pas d’apparaître dès lors que l'on s'attaque aux individus. Elle transfère la combativité des hommes sur les choses plutôt que sur les personnes.

Dans la lecture qu'il fait du principe évangélique « Aimez vos ennemis », Martin Luther King montre que celui-ci doit être interprété dans le sens « Estimez vos ennemis », c'est-à-dire

respectez leur personne mais rejetez leur personnage.

(à suivre : non violence - quelques repères - 2)