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Autres Perspectives
19 janvier 2015

Nos générations et la question vitale.- Article de 2009

Un élément déterminant et éclairant

 

TokyoMoriDe toutes part, spécialistes et hommes de la rue évoquent la crise économique. Au mieux, ils entrevoient les défis immenses à relever. Que l'on se situe sur un plan technique ou que l'on raisonne résolument sur du plus long terme avec le nécessaire recul philosophique, un élément pourtant à la fois déterminant et éclairant est souvent laissé de côté, sans lequel nous ne pouvons comprendre ce que nous vivons actuellement : la responsabilité particulière de nos générations au regard de « l'accélération de l'Evolution et de l'Histoire ».

La courbe de l'évolution de l'humanité arrive à maturité

 

* Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population, la population ,en2009 a atteint 6,829milliards d'individus. 

 

* Nous vivons une période de l'histoire se réalise une véritable explosion démographique qui annonce la fin de la transition démographique et se présente comme une sorte d'accélération ou de densification du temps.

 

population_mondiale

Jamais dans toute l'Evolution l'humanité a eu à faire face à un tel taux de croissance de population. Et jamais plus elle n'aura à faire face à cela ; de toute l'histoire de l'humanité, nos générations portent le poids d'une accélération provisoire et unique de la croissance de population.

 

 

 

 

 

Quelques repères sur cette fulgurante accélération :

- Au temps des chasseurs-cueilleurs, l'espèce humaine comprenait environ 5 millions d'habitants. La population augmente quand l'agriculture sur brûlis se répand, à partir de la Mésopotamie, de la Palestine et de la Chine. Cette « révolution néolithique » qui date d'à peine 10 000ans se fait néanmoins avec des taux d'accroissement dix fois plus faibles que ceux des années 1960. Les 400 ou 500 générations qui se sont succédées depuis ce  temps ont multiplié par mille au moins la population mondiale. Au début du Moyen-Âge, la population mondiale est d'environ 200 millions d'individus. Elle atteint le  milliard peu après la Révolution française.

Il fallait dans le passé près de 400 ans pour que double la population mondiale (entre 1350 et 1800, le nombre d'humains passe de 450 à 900 millions), il aura suffit de 40 ans (entre 1950 et 1990) pour obtenir le même résultat.

- Les années 1960/70 ont connu la grande peur d'une croissance trop forte. Elle est facile à comprendre : une population qui croît à un rythme de 2% par an double tous les 35 ans. Actuellement, les projections ont changé :

 

Stabilisation d'ici 100 ans à environ 10 milliards d'individus

 

 

transition_d_mographiqueTous les pays passent par les mêmes phases démographiques. Le tassement de la croissance de la population mondiale s'explique par le fait que nous prévoyons que les pays émergeants connaîtront eux aussi un tassement de leur croissance de population. 

 

Dans les années 1990, l'ONU annonçait entre 11 et 15 milliards d'habitants à l'horizon 2100. Mais aujourd'hui, les prévisions tablent sur un pic à 9,1 et 10.5 milliards en 2050, puis une stabilisation. L'achèvement de la transition démographique conduira donc à un quasi doublement de la population mondiale et une redistribution culturelle. Ce seront des faits majeurs du 21ème siècle.

 

 

world_popToutes ces projections, qui font l'objet d'un assez large consensus,  sont basées sur les évolutions de la fécondité et suppose que celle-ci se stabilise partout. Des écarts très importants demeurent cependant entre les estimations hautes ( 16.2 milliards) et basses (5 milliards) pour de  très faibles différences en terme d'hypothèses de fécondité : 2.25 enfants par femme ou 1.85 enfants par femme. 

 

 

Les conséquences de cette donnée

 

La prise de conscience que nous vivons une période de l'Evolution bien particulière caractérisée par l'arrivée à maturité de la population mondiale change notre perspective :

 

 

charge_generations1/ Les efforts d'adaptation que l'humanité doit fournir sont à l'échelle du rythme exceptionnel de croissance de population que doivent supporter nos générations. En quelque sorte, nous sommes dans une période «adolescente» les poussées de croissance laissent part à des tâtonnements, des recherches fébriles d'équilibres et des crises d'identité. Sans minimiser la violence de certaines réalités, cette donne a de quoi changer notre regard face aux scandales et nécessaires réajustements. Le taux de croissance de la population mondiale ira dans les prochaines générations en décroissant, ce qui diminuera la pression pour les générations futures.

 

2/ L'existence d'un risque idéologique majeur, l'histoire nous met face à une question centrale :

 

Deux grandes peurs existent : celle d'une « surpopulation » et des effets induits en matière d'environnement, celle plus actuelle  d'une décroissance et de ses effets en terme de vieillissement. Le schéma viable ne tient que sur unfragileéquilibre et sur cette hypothèse que tous les pays passeront par les mêmes phases démographiques.

 

 

 

epidemieAssocié à ces peurs, un risque idéologique majeur : celui de laisser penser que les guerres, les famines, les maladies ne sont finalement que des moyens naturels de réguler. Il faudrait donc, selon cette dérive « aider la sélection naturelle » ; il y aurait de la place sur terre pour certains individus mais pas pour d'autres. Cette idéologie est celle « du renfermement » et du « chacun pour soi ». Elle sous-entend qu'il n'y aurait pas de ressources suffisantes sur la planète pour tous. Elle peut devenir d'autant plus dangereuse à une heure les progrès dans la génétique sont éminents (cf. futurs billets).

 

Il y a donc, dans cette période particulière de croissance fulgurante de la population une tension qui nous met face à cette question majeure la définition que nous entendons donner de « L'Homme ».

 

Autrement dit, le choix qui se pose devant nous est le suivant : acceptons nous de « perdre », pour aller vers la vie ? Ou, par crispation, glisserons-nous rapidement vers le risque de l'eugénisme qui entend fonder un homme "sur-mesure" et proposer les frontières de la normalité ?

 

Eugénisme idéologie visant à améliorer les qualités héréditaires de la race humaine en encourageant ceux qui ont des caractères désirables ou favorisés à procréer et empêchant les autres de se reproduire. Ce risque ne concerne pas que la recherche génétique. Les campagnes de stérilisation de même que les infanticides (filles) dans les pays pauvres (notamment Inde et Chine) en sont aussi les éléments les plus brutaux...Le glissement vers l'eugénisme germe commence le refus de la différence. 

 

3/ Une seule issue possible : le partage et l'ouverture à la différence culturelle !

 

 

education_femmes-Tropdepopulation? La démarche des pays riches (pas très éloignée de l'idéologie dont nous parlions ci-dessus) consiste à promouvoir des politiques interventionnistes de limitation des naissances. Notons qu'au lieu de s'attaquer à la cause de la pauvreté, on s'attaque à son effet : la fécondité. Il est clair que la croissance non contrôlée de populations dans des pays en développement et ouverts au marché mondial ne peut qu'aggraver la pauvreté. Il est cependant plus facile de stériliser les populations plutôt que de les éduquer et rendre possible les conditions de leur autonomie et de leur développement. Le problème crucial du 21ème siècle ne concerne pas la limitation des naissances mais le partage du savoir (et donc, des richesses). La terre peut nourrir 12 milliards d'individus instruits sans difficulté, mais 12 milliards d'illettrés, certainement pas.

 

Plus de 1000 milliards prochainement pour le FMI...Pour une relance libérale ? Quelle somme sera allouée à des programmes d'éducation ?

 

-Pas assez de population? Inversement, nous pouvons parier que ce risque du vieillissement sera d'autant plus important que la société sera individualiste.

 

Sur cette longue période de l'Evolution, la population mondiale arrive à maturité.

 

L'humanité ne passera le cap que si elle prend conscience de ce nécessaire partage. Ce n'est plus une question de « choix idéologique », c'est une question vitale ; le partage fait partie du processus normal de croissance de la vie humaine.

 

 

educ_enfants_rueDans cet environnement désormais mondialisé, nous pouvons entrevoir l'avenir avec sérénité pourvu que nous refusions l'exclusion et que nous nous dirigions vers : un partage des richesses, des connaissances et un accès à tous à l'éducation. Ce partage ne pourra aller sans une nécessaire ouverture culturelle... le grand défi du 21ème siècle.

 

 

 

 

 

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